Camus et l'Europe
Publié le 12 Mars 2020
Alessandro Bresolin/Léopold Dipoko - Photos : Florian Bouscarle
Camus et l’Europe
Notre ami et membre du CA des Rencontres Méditerranéennes, Alessandro Bresolin a tenu un cycle de conférences sur Camus et l’Europe : l’union des différences à Nice, Marseille, Lourmarin et Avignon. Le fédéralisme est un sujet qui lui tient particulièrement à cœur.
En préambule, il revient sur l’intervention de Jean-Clément Martin « Révolté contre révolutionnaire. Faux débat et vraie question » lors des Journées Internationales de Lourmarin 2019, une position qu’il trouve tout à la fois provocatrice et osée : « J’estime que le questionnement de Camus sur la Révolution Française est un thème à part entière »
Afin de mieux comprendre la position de Camus sur l’Europe, Alessandro Bresolin commence tout d’abord par rappeler le cadre spatio-temporel de la situation du continent européen de la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours.
L’Europe se parcellise avec la multiplication des états nations du XIXe siècle jusqu’aux années 20. Le centralisme impose une langue commune, une même culture commune, dégageant ainsi les micro-ethnies.
« Camus a toujours vécu dans un état de guerre »
Si avant la guerre, l’envie de collaborer entre les nations n’était qu’un débat d’aristo-politiciens, durant ce conflit, émerge une identité commune au sein des différents peuples. En effet, si l’on partage la même souffrance, alors il y a entité et identité communes. Pendant la seconde guerre mondiale, la souffrance de tous permet de s’unir. On observe un élan fédéraliste après la seconde guerre. Dans Combat, il y a déjà des idées de fédéralisme en Europe.
Après la guerre, il faut briser l’état autoritaire grâce à une entité supérieure européenne où les états perdent de leur souveraineté, y compris la France en Algérie. Pour Camus, une solution envisageable était de fédérer ces régions : un Commonwealth français.
Mais Camus, comme Ignazio Silone, est déçu après la guerre : ce sont les mêmes personnes aux institutions qui continuent à exercer.
L’unionisme, à contrario du fédéralisme, n’a pas pour objectif de créer une nouvelle civilisation de paix, mais une Europe vue comme une ingénierie sociale et économique, basée sur un schéma économique. Si l’économie européenne se porte bien, alors tout va bien. Camus se retire du combat. « En 1949, Camus comprend que l’Europe qu’il souhaite, ne sera pas pour demain »
Ni Camus, ni Silone n’ont connu la décentralisation.
F.Bouscarle / © Photo FB
Alessandro Bresolin est membre du conseil d'administration des Rencontres Méditerranéennes Albert Camus, un habitué des Journées internationales Albert Camus de Lourmarin organisées par les Rencontres Méditerranéennes Albert Camus, auxquelles il participe régulièrement comme intervenant ou auditeur.
Titulaire d’une maîtrise en Histoire contemporaine à l’Université de Bologne sur " La naissance des mouvements nationaux en Algérie 1924-1954".
Traducteur d’écrivains de langue française (Marc Bloch, Albert Cossery, Armand Guerra, Panait Istrati, Romain Rolland, Pierre Rosanvallon, Hamid Skif, Edmond et Jules de Goncourt, Paul Valéry…).
Il a également publié deux anthologies (Albert Camus, La rivolta libertaria, Eleuthera, 1998 ; Ignazio Silone, Le cose per cui mi batto, Spartaco, 2004), la traduction en italien de la conférence tenue par Camus en 1955 à Athènes sur L’avenir de la civilisation européenne ; enfin, un recueil de poèmes et trois romans.
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Les Rencontres Méditerranéennes Albert Camus recommandent aujourd'hui la lecture de son dernier livre : Albert Camus : L’union des différences – Le legs humain et politique d’un homme en révolte préfacé par Agnès Spiquel.
Pour le commander, vous pouvez télécharger les documents joints.
En documentation jointe : la préface d'Agnès Spiquel, le flyer et bon de commande du livre et la couverture du livre.
Bonne lecture à tous !
PRESSE FEDERALISTE
Collection Textes fédéralistes
Albert Camus : l’union des différences
Le legs humain et politique d’un homme en révolte
d’Alessandro Bresolin
Préface d’Agnès Spiquel
Broché / 312 pages - Format : 13,5 x 18,5cm
€ 23 - ISBN : 978-2-9558710-4-1
Albert Camus a été l’un des auteurs parmi les plus significatifs et originaux du vingtième siècle. Célèbre surtout pour ses romans, il fut longtemps oublié en tant qu’intellectuel critique et militant sans parti. C’est seulement maintenant que sa figure est pleinement sortie du cône d’ombre où elle était reléguée, celui de la polémique avec Sartre, que les essais et les interventions politiques de Camus, lus sans les lentilles des idéologies, sont évalués pour ce qu’ils expriment réellement. Ses prises de position de gauche libertaire, dans le contexte d’une guerre froide dominée par la logique du « avec moi ou contre moi », tombèrent dans le vide, considérées comme inactuelles. Et aujourd’hui ce sont justement la cohérence et la sincérité de certaines positions, sur le franquisme, la politique soviétique et le communisme, la question algérienne, le fédéralisme européen, la nécessité d’une nouvelle politique méditerranéenne ou la citoyenneté mondiale qui nous fournissent des outils solides pour lire de façon inédite notre passé composé, interpréter et affronter notre présent.Un essai thématique, cet ouvrage, suit le fil de la pensée de Camus et non simplement la chronologie des évènements qui ont marqué sa vie courte mais combien intense.
Bon de commande
Préface d'Agnès Spiquel
Bon de commande - début de préface - couverture